Chez Babyl : tout ce qui brille...

Après moult détours le trio, formé de Golgosh, Babyl et Ma'bêhl la mule, arrivé enfin à Djariif se rendait sur les lieux de leur futur commerce.
Orfèvrerie, joaillerie et autres merveilles seraient bientôt disponible... et Babyl sortait tout ses chicots de ravissement à cette idée. Seul manquait Imryl qui devait vagabonder comme à son habitude.


Gol'Ghosh fier et sauvage marchait en tête, il serait surement heureux de déposer son énorme fardeaux mais il n'en soufflait mot.




Après la belle Esplanade des Temples, les rues étroites comme le passage des voutes semblaient d'un calme irréel.



La rue des tisserands était plus animée, et ils approchaient de leur but.


Arrivée à destination, ils déballèrent la marchandise et Ma'Bêhll put enfin espérer une écurie, et un silence salvateur pour ses grandes oreilles. Elle fut conduite vers l'auberge ne gardant plus comme paquetage que son bat et leurs affaires personnelles.



Pendant que le colosse emmenait la jolie mule, Babyl étalait son stock de plats et autres choses brillantes sur le devant de la boutique.
Le reste, plus précieux, ne serait pas de sortie avant qu'ils aient pu sécuriser les lieux. Ainsi c'était le compagnon Gol'Gosh qui les gardait sur lui et peu aurait pris le risque de le défier pour savoir si sa bourse était pleine. De plus sa mise sobre n'attirait pas les regards et ce n'est pas lui qui aurait bavardé à tort et à travers.

Babyl plutôt satisfait du résultat admirait son étal.



Gol'Ghosh monterait bientôt la garde devant la porte et lui à l'ombre pourrait tranquillement travailler sur ses miniatures.
En attendant le retour du Compagnon il rêvassait profitant des rayons de soleil. Il songeait déjà à la futur enseigne qui viendrait ornée l'entrée de son échoppe.

-"Des voyous, manquerait plus que ça qu'ils viennent faire du désordre, je saurais les recevoir moi", glapit Babyl en faisant des moulinés avec sa canne d'un bois noueux comme lui.

"Je vous remercie du conseil, enfin Golghosh sera là dans quelques instants et il est largement et hautement capable de les recevoir Hihihi".

Babyl gloussait comme une pintade en pensant à la stature plus qu'impressionnante du compagnon qu'il avait recruté. Puis reprenant son sérieux il ajouta l'air inspiré :

"Mais n'y a-t-il pas une garde à Djariif pour s'occuper de ces oisifs là, et ne pourrait-on pas leur donner une saine occupation pour la ville comme de casser des cailloux?"

Jaugeant du regard que son hôte était des plus dignes de confiance il lui murmura en se raprochant :

"Vous savez les belles pièces ne sont pas présentées là, si vous cherchez une dague ciselée comme celle d'un Dieu ou un bijoux qui rendra votre belle à tout jamais esclave de votre amour , il faudra venir me voir. J'ai des pièces rares et légendaires et je travaille à la commande aussi pour les personnes de qualité, cela va sans dire. Il faudra que je vous raconte comment j'ai connu le Mahagandja de la vallée des lotus d'or... Voyons voir, peut-être prendrez vous le temps de prendre le thé avec nous, Gol'ghosh va nous préparer cela. Et je pourrai vous narrer toute l'histoire."



Au débit il était visible que Babyl pouvait continuer ainsi durant un long, long moment...


Le compagnon revenait et salua silencieusement Messire Maître Jacques.

Babyl était heureux que ce noble invité veuille bien prendre le thé, il commença à faire signe à Golghosh qui commençait à s'habituer aux fantaisies de cet excentrique vieillard.

Alors qu'il allait inviter Maître Jacques à l'accompagner à l'intérieur pour profiter de la petite salle du bas, un gamin arriva en courant délivrer un courrier à Babyl et le marchandage pour le prix de la course fut un peu long... un bref coup d'oeil, pour ne pas être impoli envers son invité, lui apprit que les fêtes de Samarîis en était le principal sujet ...

-"Bien, bien, bien, pardonnez je vous fais attendre comme cela, je manque à tous mes devoirs ... entrez entrez mon prince... ah vous avez vu ce gamin déjà bien déluré pour son âge, il marchande comme un grand *rires* C'est bon de voir qu'il a de la tête.. et ce pli qui me parle des festivités de Samarîis, dans la cité ils vont s'en donner à coeur joie, mais je ne vous apprend rien, n'est-ce pas?

Tout en parlant Babyl les dirigeait vers l'escalier intérieur qui menait à une partie plus privative.



-"Installez vous! Regardez comme la ville ma gaté. Tout était déjà bien installé et je n'ai eu qu'à rajouter lanternes et coussins... imaginez ma joie après la poussière des chemins de trouver déjà meublé cet endroit. Celui qui s'en est occupé à songé que pauvre voyageur je ne pourrai m'encombrer de tables et autres. Et comme la température est douce ici."

Golghosh commença à servir le thé sans sucre, dont la teinte d'un vert extraordinaire pouvait se faire poser quelques questions au gouteur improvisé.

Les bols étaient minuscules, et de menthe point en vue, mais un plateau de petites douceurs biens jolies à regarder les accompagnait. Au vu de tant de variétés de biscuits nul doute qu'il ne s'agissait pas de production familiale. On reconnaissait même les dessins des moules utilisés par un Djarii de bonne réputation "culinaire".



-"Pardonnez si je ne vous prépare pas moi-même ce breuvage de l'hospitalité mais je n'ai jamais eu le calme et la manière de le réussir. Goghosh m'a surprit avec ce thaye si particulier qu'il commande loin d'ici... âpre et amer quand on n'y est pas habitué, n'est ce pas? Mais une douceur vous aidera a apprécier l'alternance de saveur."

Ce n'était pas vraiment une question, Babyl sachant que la boison verte de Golgosh n'avait rien de commun avec ce qui se servait dans la région mais il avait appris en chemin a apprécier. En serait-il un jour de même pour son invité?

Des niches grillagées permettaient de conserver une partie des bijoux dans de petites boites plates qui servaient d'écrins et empêchaient leur dérobade par des mains habiles.
Il ne s'agissait que de jolis bijoux d'argent de valeur modeste pris séparemment mais qui dans leur ensemble représentaient déjà un certain investissement.

Le vieil homme les étalait rapidement sur les étoffes à même la table mais il ne sortait pas encore de pièces dignes de son invité. Un peu par jeu beaucoup par calcul, il laissait s'endormir son client pour mieux le surprendre sur les dernières pièces.



Bavardant comme à son accoutumée Babyl étalait les parures communes à la région sans se soucier en apparence de les surveiller. D'une part il savait qu'un client comme Maître Jacques ne serait pas intéréssé par ces babioles, d'autres part il connaissait mieux maintenant son compagnon et n'ignorait pas que le regard calme et comme absent de Golghosh cachait une vigilance de tout les instants.

-"Alors dîtes moi c'est pour une jolie servante ou une fraîche bergère, que vous voulez faire taire après l'avoir séduite. Car pour la séduire vous n'aviez pas besoin de bijoux, un homme comme vous... Elle ne mesure pas sa chance de porter votre fruit et l'homme qui l'épousera sera sûrement honoré d'être le tuteur d'un digne garçon, car ce sera un garçon, n'est ce pas..."

Babyl avait une morale bien à lui et une manière toute personnelle de flatter le client.

Il avait en bavardant, discrètement récupéré des mains de son compagnon une trousse d'étoffe noire qu'il déplia peu à peu. Et là il observa le regard du noble sire à qui il montrait enfin des pièces dignes de lui.



Les parures étaient belles et originales leurs valeurs résidaient en cela et non tant dans le métal, mais l'argent étant fort apprécié dans ces contrées elles pouvaient rivaliser avec bien des bijoux en or. Pourtant nombres de femmes n'aiment que l'or qui seul leur semble digne de leur beauté.


-"Avez vous remarqué l'inspiration maritime toute Umisienne de la dernière parure, ce sont des pièces qui resteront particulièrement originales dans nos montagnes. mais si vous me disiez précisement ce que vous cherchez je pourrai peut-être mieux vous aiguiller vers le bonheur de votre amie, tenez vous précisement à une bague?
Méfiez vous les bagues ont pour les femmes un sens qui parfois nous échappe et elle pourrait se mettre à espérer que vous lui proposiez plus qu'un peu de vos faveurs.

J'ai bien sur des pièces plus chères en or et ornées de pierreries mais ce serait peu raisonnable pour une tendre aventure, elle conviendraient mieux pour vous même et montreraient à tous votre haut rang"

Décidemement le romantisme de Babyl et sa vision des relations amoureuses étaient bien aux antipodes de celles des femmes alanguies qui attendaient sagement le jour de leur noces.

Babyl se frottait les mains et pour sur son client ne jetait pas un regard au petites pièces et faisait même des compliments qui amusaient le vieux gnome...

(Il s'en moque de mes jolies petites choses celui là, mais c'est qu'il veux dépenseer ce client là. Et à en juger par son apparence il en a les moyens, le bougre. Hum on va marchander certes mais on va faire monter les enchères d'abord. Babyl tu tiens le bon bout ne le lache pas celui là, il faudrait voir qu'il aille perdre son bon argent et son bon or ailleurs, hors de question.)

Le petit monologue intérieur déboucha sur un magnifique sourire édenté surmonté d'un regard concupiscent sans doute plus à la pensée de la bourse qui viendrait bien conclure cet entretien que des charmes de la fiancée.

-"Bien! bien! bien!

Bien sûr, mais s'agit-il d'amour ou de mariage, car s'il s'agit d'amour, je peux vous présenter ceci:





ou ceci :




Ambres, éclats de verre ou cornalines semi-précieuses rehaussaient les anneaux d'or éparpillés sur les velours.


Mais si ces fiançailles sont vraiment sérieuses..."enchaine-t-il.

Babyl laissa trainer un peu sa phrase cherchant à savoir combien l'homme aimait sa future promise et donc à combien il estimait cet amour une fois converti en monnaies sonnantes et trébuchantes.



-"Vous savez que de belle pierres se trouvent dans la région mais quoi de plus rares et de plus délicat ici dans nos régions, où trouver un éclat plus doux ou plus féminin? Seul l'orient des perles que nous offre les immensités marines peut rivaliser avec la beauté de nos femmes."

Alors il dévoila cinq joncs d'or ornée chacun d'une perle aux teintes subtiles offrant cette laitance nacrée si sensuelle.



-"Regardez messire, une blanche et l'autre noire comme le jour et la nuit.
Une d'un gris pâle comme l'aube et l'autre d'un rose sombre comme l'heure du couchant, mais celle du centre est unique.
Admirez comme la perle viens doucement se poser sur la courbe d'or comme votre belle se posera au creux de votre bras."

Si Babyl ne considérait les femmes que sous un jour plus proches des nuits de plaisirs que du madrigal d'amour, ce vieil homme aimait passionnément ses bijoux.

C'était l'éclat des pierres, le contact si doux de l'or et tout ce que cela évoquait pour lui, c'était cette passion un peu enfantine qui l'avait jeté sur les routes persuadé de trouver un jour un trésor.
C'était ainsi qu'il avait pris l'habitude de rêver à travers les pièces qu'ils vendaient à toutes les aventures et les choses merveilleurses qui auraient pu lui arriver.