Tablée d'un Hârenzoll

Le garde à la carrure massive ne semblait pas apprécier l'attitude prudente de maximilien. Il mit à son tour la main sur la garde de son arme mais son maitre l'arreta d'un geste.

"Vous feriez mieux de laisser votre glaive où il est..."

D'un geste de la tête, il remercia le serviteur qui apportait trois brassées d'alcool de houblons sur la table.

"Ainsi donc vous etes l'un de ceux envoyés par Double-Mat ..... Mmm.... Je m'attendais à ce que vous soyez plusieurs. Double mat avait pour consigne de m'envoyer plusieurs aventuriers."

Le seigneur se tut, fixa en silence le guerrier devant lui.

"Mais vous etes plutot du genre solitaire, vous."

Ce n'était pas une question. d'un geste, le seigneur, qui n'avait toujours révélé son identité, invita son interlocuteur à saisir sa choppe.

"Je vous conseillerais toutefois d'attendre l'arrivée de vos camarades aventuriers, qui ne sauraient tarder. Cette mission n'est pas taillée pour un seul homme."

Le seigneur Härenzoll maugréa, visiblement énervé.

"Double-mat n'a pas bien excecuté les ordres me semble t'il. Nous avions besoin de plusieurs aventuriers, il le savait. Enfin...

Se penchant vers Maximilien.

"Seriez-vous prets à mener seul la mission que j'ai à vous confier ?"

Le Härenzoll parla d'une voix grave et maitrisée:

<- Ne croyez pas que les Frères du Härenhof font appel à des aventuriers pour éviter de se déplacer eux-même. Nous sommes des marchands, nous avons l'habitude d'aller chercher les affaires, même très loin.
Nous avons déja envoyé notre propre expedition pour récuperer cette relique. Cela fait près de quatre mois que nous n'avons plus de nouvelles de nos Frères.

Masrov etudia la réaction de son interlocuteur.

- Nous en avons conclu que, si le temple est bien ruine, il est fort probable qu'il ne soit complètement abandonné. C'est la raison pour laquelle nous esperions envoyer toute une compagnie d'aventuriers. Attendez-vous à une résistance en pénétrant en ces terres. Je vous conseille de vous entourer de quelques hommes de confiance avant de prendre la route.
Ces forêts sont notre mère nourricière à tous, noble Mercurians, prenez garde qu'elles ne reprennent le souffle de vie qu'elles vous ont accordé.

Sur ces dernières paroles assez inquiétantes, le seigneur Härenzoll se leva, considéra un instant son interlocuteur, puis quitta la pièce.
Un homme en armure de cuir , jusqu'ici apparement en grande discussion à une table à proximité, s'interrompit brutalement, se leva et s'approcha de maximilien.

"Lorsque vous aurez accompli votre périple et serez de retour en Umiis, laissez un message à la demeure des Hârenzoll, avec ce code : "la cale a été remplie, comme convenu." Maitre Masrov vous attendra le jour suivant à la taverne."

L'homme se leva , d'autres, attablés dans des alcoves aux alentours, le suivirent de peu. Maximilien réalisa que le garde à la carrure massive n'était qu'un leurre pour attirer l'attention d'éventuels agresseurs. Les hommes du marchands entouraient en fait discrètement leur tablée, prêts à égorger, d'un seul signe de la main, celui qui aurait eu la stupidité de provoquer l'impatience de leur maître.

Salomée avait longtemps attendu à Samariis une réponse et avait fini par se décider à partir seule à Umiis, elle avait voyagé sans se reposer. Elle arriva en retard pestant contre ce recruteur qui les avait laissé choir. Elle rentra dans la taverne, cherchant du regard un contact.... Il ne semblait plus y avoir personne... Elle commanda un vin de sauge et alla s'assoir à une table...

Maximilien écouta longuement tout ce qui avait été dit. Il semblait que cette relique avait beaucoup plus de valeur que 10 000 pièces Samarîis, mais la somme n’était pas négligeable, et le clan Mercurian en avait fortement besoin. Sur le coup, le soldat se dit qu’il devait égorger l’Härenzoll, prendre son argent et partir en courant après avoir tué deux ou trois imprudents. Mais en voyant tous ces hommes se lever, Maximilien réalisa qu’il avait bien fait de laisser son glaive au fourreau. Ses manières de pirate le perdraient un jour…

Messire Masrov, je vous ramènerai votre statuette de macaque ! Et j’aurai ainsi l’argent ! Mais sachez que votre estime m’est aussi importante…

Maximilien afficha un léger sourire pour accompagner ces derniers mots. Non pas qu’un allié de poids dans Samarîis le laisse de marbre, mais présentement, le capital financier avait beaucoup plus d’importance pour son clan. Le soldat décida de partir sur-le-champ, à la faveur de la nuit. Mais le périple avait l’air de taille, et il réalisa bien vite qu’il ne pouvait partir seul. Comme si les Dieux avaient entendu ses pensées, une jeune femme arriva alors sur les lieux. Maximilien prit une profonde aspiration et partit à sa rencontre.

Ne serait-ce pas dame Salomée ? Une des aventurières qui voulait participer à cette quête… Bon, je vais vous expliquer ce qu’il se passe. Il se trouve que vous êtes arrivé trop tard, le travail est pour moi, et l’employeur est déjà partit. Ceci-dit, faire le chemin avec une jolie femme ne me déplaît pas et je veux donc bien vous emmener. Si vous acceptez, vous recevrez 2000 pièces Samarîis pour le périple !

Maximilien tendit la main vers la femme et ajouta :

Alors ? Vous venez avec moi ?

Puis le soldat leva soudain les yeux et sortit de la taverne.

Mais avant que vous me répondiez, quittons cette auberge, j'ai peur que les autres aventuriers cherchent à nous doubler... Trouvons un endroit plus sûr.


(l'endroit plus sûr)

Salomé se leva et le suivit sans dire un mot, un sourire crispé sur le visage...




[ pont des amants]